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Terres de reve ~ Partie 1 Chap 10

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CaelaSephyra's avatar
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Anetham sortit de la salle de réunion en poussant un soupir. Une fois encore, les nouvelles n’avaient pas été bonnes. La situation à Yvanesca n’avait pas été éclaircie, et la tension montait entre les différents clans de réfugiés et Neos. Les chefs de clans eux-mêmes n’étaient pas tous d’accord, et s’interrogeaient sur les bonnes façons d’agir. Mais surtout, les rumeurs les plus folles couraient toujours en ce qui concernait le tragique destin des Porteurs.
Anetham baissa la tête, songeur. Aucune nouvelle de Nahru et Aokura depuis quelques temps. Il soupçonnait fortement que les événements étranges d’Yvanesca soient en lien avec eux, à cause de la malédiction glaciale qui s’était abattue sur la ville. Aokura était détenteur d’un orbe de glace ; il avait ainsi toutes les capacités de déclencher un tel phénomène…
Il en était là de ses pensées lorsque son conseiller, un vieux Loup connu sous le nom de Jhésel, se montra et le salua avec respect.
- Mon Roi, dit-il, vous avez de la visite, dit-il sans ajouter plus de détails.
- Est-ce important ? questionna Anetham avec une pointe d’agacement, sachant qu’il avait actuellement d’autres soucis que d’accueillir quelque curieux. Sont-ce des nouvelles d’Aokura par un heureux hasard ?
- Hélas non, mon Roi. Mais je pense que vous serez intéressé malgré tout.
Persuadé du contraire, Anetham se dirigea vers l’entrée du palais. Lorsqu’il arriva au sommet des vastes escaliers qui reliaient sa demeure à la terre ferme, il trouva deux gardes qui encerclaient une jeune Roussette. Vêtue d’une légère tenue de combat qui laissait passer ses longues ailes dans son dos, elle avait un genou à terre, et gardait sa tête baissée pour saluer le Roi.
- Sephyra ! s’exclama Anetham, tandis que celle-ci relevait la tête. Tu es enfin revenue !
Il s’approcha d’elle et lui prit les mains. Sephyra se releva en lui souriant, visiblement fatiguée par son voyage.
- Vous m’avez manqué, père, dit-elle.

Sephyra était assise sur le large tapis brodé de l’antichambre de son père. Ce dernier, songeur, faisait les cent pas dans la pièce, visiblement inquiet des récents événements.
- Comme tu le sais sûrement, la situation n’est pas des plus faciles en ce moment, ma fille, dit-il. Mais maintenant que tu es ici, tu vas pouvoir m’en dire plus sur ce qui se passe à Neos. Les dernières informations que j’ai obtenues de mes éclaireurs remontent à quelques mois…
Sephyra fronça les sourcils.
- Informations ? répéta-t-elle. Vous avez envoyé des membres du clan pour espionner Nelson ? demanda-t-elle avec une pointe de colère.
- Je me devais de veiller sur toi, se défendit le vieux Loup. Tu t’imagines peut-être que je fais confiance à Nelson ? Il est plus que suspect dans toute cette histoire…
- Il n’est responsable de rien, père ! s’exclama Sephyra, un peu plus fort que ce qu’elle aurait voulu. Je le sais… continua-t-elle d’une voix moins véhémente, j’ai assuré ses arrières personnellement pendant une année entière… S’il y était pour quelque chose dans cette funeste histoire, je l’aurais su ou au moins soupçonné, croyez-moi !
- Et tu n’as aucun soupçon ?
- Je…
Sephyra baissa les yeux. Affirmer le contraire serait un mensonge, elle le savait bien. Nelson avait quelque chose de mystérieux, et elle ne pouvait véritablement affirmer qu’il était innocent. Pouvait-elle être parfaitement sûre qu’il ne cachait rien, même à ses plus fidèles Chasseurs ?
- Je ne sais pas, répondit finalement Sephyra. Mais je crois vraiment qu’il voulait la paix avec les Clans. Ça, j’en suis persuadée. Ce qui arrive n’a pas été déclenché par lui.
- Par qui, alors ?
- Je n’en sais rien… C’est bien là que se situe tout le problème.
Un silence. Sephyra gardait ses yeux rivés sur le sol, sans savoir que penser elle-même. C’est alors qu’elle releva la tête, et demanda à son père :
- Au fait, où est Athem ? Quel est son avis sur la question ?
Ce fut au tour d’Anetham de baisser les yeux. Sephyra attendit sa réponse, sans dissimuler l’inquiétude qui se peignait sur son visage.
- Il est parti, déclara finalement Anetham.
- Parti ?... répéta Sephyra, frémissante.
- Nous nous sommes disputés il y a deux semaines au sujet de tout ce qui arrive en ce moment. Il m’a dit que mes méthodes et ma mentalité ne permettraient jamais de découvrir la vérité… Il est plus puéril que je le pensais ! Après ça, il a rassemblé quelques Loups de la tribu de Kerem, et il est parti de la cité. Il a dit qu’il retrouverait les autres Porteurs, et découvrirait ce qui se trame vraiment par les temps qui courent.
- C’est pas vrai… souffla Sephyra. Comment être sûrs qu’il ne lui arrive rien ?...
- A l’instar d’Aokura qui a refusé de m’écouter, il devra assumer ses actes s’il lui arrive quoi que ce soit, répliqua Anetham. Mais il le sait très bien, ne t’en fais pas. En revanche, je serais bien en peine de te dire quand tu pourras le revoir.
Sephyra baissa les yeux. La perspective de revoir son frère était la raison principale pour laquelle elle était revenue à Anethie, bien qu’elle refusât de se l’avouer. Et à présent, il était au milieu du danger…
- Pour l’heure, nous devons décider de ce qu’il faut faire, déclara alors Anetham. J’ai prévu d’envoyer des éclaireurs à Yvanesca ; ils partiront normalement demain. Il nous faut apprendre ce qu’il s’est passé…
- Père, laissez-moi y aller ! dit-elle soudain en relevant la tête. Je pourrai être à Yvanesca plus rapidement que les éclaireurs, et je vous promets que je parviendrai à en apprendre davantage sur les événements qui s’y sont déroulés !
Anetham resta un moment songeur. Mais les yeux de Sephyra qui ne le quittaient pas, et restaient déterminés.
- Tu es sûre de toi ? demanda-t-il. Tu viens à peine de rentrer, et rien ne dit que la ville ne soit pas dangereuse…
- Je le sais Père, rétorqua la jeune femme. Mais je veux me rendre utile, c’est pour ça que je suis partie de Neos. Je veux apprendre ce qu’il s’est passé, et tant que mes ailes pourront être utiles à quelqu’un, ou à quelque cause, je n’hésiterai pas un instant.
Bien que réticent, Anetham décocha un petit sourire. Sa fille avait bien gagné en assurance, depuis ses deux années passées à Neos. Peut-être était-il temps de la mettre à l’épreuve.
- Très bien, céda le vieux Loup. Si tu t’en sens capable, tu partiras demain.


Sephyra sillonnait les airs en direction d’Yvanesca.
Perdue dans ses pensées, elle se concentrait à peine sur sa trajectoire, et évitait des oiseaux parfois au dernier moment. La situation dans la capitale des Réfugiés était plus que préoccupante. Ces cadavres, le rapport de Jack, les soupçons d’Anetham… Ceux de Nelson… Comment mettre en relation tous les éléments ? De son point de vue, pour l’instant, rien n’avait de sens ; ces humains assassinés et ces Réfugiés éliminés jusqu’au dernier semblaient incarner les rouages d’une énorme manipulation. Mais perpétrée par qui, et dans quel but ?
Un vent glacé balaya subitement ses sombres pensées. Abasourdie, son corps frémissant dans une nouvelle atmosphère, la jeune femme contempla avec frayeur Yvanesca, la nouvelle cité de l'hiver éternel.
Le vent la secoua de toutes parts, et elle dut voler plus près des immeubles pour pouvoir maintenir son équilibre. Elle survola, tremblante et frémissante de froid, les bâtiments givrés et, pour certains, à moitié détruits. Elle contempla l’attristant spectacle d’Yvanesca, capitale des Réfugiés, joyau déchu de leur culture et de leur croyances.
Sephyra plongea dans une ruelle étroite pour éviter le froid glacial qui rendait son vol difficile. Elle atterrit maladroitement sur le sol glacé, et se dirigea vers la place principale de la ville, en jetant des regards effrayés partout autour d’elle. Elle sentait son corps se crisper et trembloter, malgré les vêtements relativement chauds qu’elle avait pris soin d’emporter. Elle ne s’attendait cependant pas à des températures si basses ; l’eau était gelée dans les rigoles, et du givre recouvrait les murs à moitié détruits.
La jeune femme arriva finalement sur la place principale de la ville, et elle jura distinguer une silhouette assise contre l’hôtel éteint, dont l’imposante structure n’inspirait maintenant plus que tristesse.
Elle s’avança à pas lents, ignorant le vent glacial qui secouait violemment ses cheveux et lui gelait les oreilles. Un nuage de brume passa devant ses yeux. Puis libéra son champ de vision.
Elle s’arrêta.

Assis contre le mur de l’hôtel abandonné, enveloppé dans sa cape rouge en lambeaux, son sceptre en main, Aokura semblait perdu dans ses pensées.

Sephyra déglutit et marcha lentement dans sa direction. A chaque pas, la jeune femme sentait ses membres frémir. Mais elle était persuadée que c’était lui, même si elle ne l’avait pas vu depuis des années. Ça ne pouvait être que lui.
Elle s’arrêta juste devant le sorcier. Celui-ci n'avait pas bronché, et restait le regard fixé sur ses pieds, ignorant le souffle du vent qui agitait sa longue chevelure blanche. Ses vêtements étaient déchirés par endroits, et éclaboussés de sang séché. Elle déglutit.
- Sorcier Aokura, permettez-moi de me présenter, lança-t-elle en s’inclinant devant lui. Je suis Cae-La Sephyra, d'Anethie. Je viens vous parler de la part de mon père, le Seigneur Anetham.
Lorsqu’elle se redressa, le sorcier n'avait même pas levé les yeux vers elle. Elle ignorait même s'il l'avait entendue. Elle resta alors immobile quelques instants, attendant une réponse, persuadée qu'il avait au moins senti sa présence.
Aokura ferma les yeux.
- Rentre à Anethie, conseilla-t-il. Il n'y a plus rien à faire, ici.
Sephyra fronça les sourcils. La profondeur et la gravité de sa voix l'inquiétèrent. Il s'était bien passé quelque chose de grave. Nahru était-elle blessée ? Ou bien…
La jeune femme s’avança légèrement, tout en gardant un genou au sol pour être à sa hauteur, et souffla :
- Je ne partirai pas. Sorcier Aokura... que s'est-il passé?

Le vent s'était légèrement calmé, tandis que le ciel s'assombrissait. Des petits flocons se mirent à quitter leur royaume céleste. Aokura ne quittait pas son mutisme, mais il sentait la douleur le raviver à chaque phrase prononcée par la nouvelle venue. Il avait entendu chaque syllabe, chaque voyelle, chaque son... mais n'avait pas réussi à répondre. La voix de Sephyra clapotait à ses oreilles, pénétrant son esprit, sans pour autant réveiller sa voix ni son courage. Ce n'était pas ainsi qu'elle saurait l'anesthésier, lui faire oublier le mal qu'il venait d'assembler en lui.
La nuit était maintenant tombée. Douce et chaleureuse dans le froid accablant, la voix de la jeune femme continuait de briser le silence. Et s’affaiblissait peu à peu. La température était si basse que Sephyra ne sentait plus ses membres, et elle luttait pour rester consciente. Elle posa une main au sol. Avant même d’avoir pu terminer sa dernière phrase, elle sentit son esprit s’éteindre, et elle s’effondra sur le sol glacial.
Le vent se leva de nouveau. Un souffle puissant survola la ville, et Aokura regarda longuement la jeune femme. Etendue de tout son long sur le sol, elle semblait avoir perdu connaissance. Elle était immobile. Les secondes avaient beau défiler, les unes après les autres, elle ne montrait aucun signe de vie. Elle était soudainement devenue comme lui.
Soupirant, il ferma les yeux à nouveau.

Sephyra se réveilla lentement. La première chose qu'elle ressentit fut un intense frisson qui parcourut son corps, en raison du froid qui hantait la pièce. Elle conclut immédiatement qu'elle était toujours dans la cité déchue d’Yvanesca. Et au lieu de la vaste place devant l’hôtel, elle se trouvait maintenant allongée dans un lit en bois. Elle ôta la couverture bleu ciel qu'on avait déposée sur elle, et constata qu'en plus des couvertures, une épaisse cape rouge avait été déposée par-dessus. Elle s'en empara avec surprise puis s'assit sur le bord du lit. Tandis qu'elle remettait ses bottes, qu'on lui avait vraisemblablement retirées avant de l'allonger, elle examina la salle où elle se trouvait. Une petite pièce, uniquement éclairée par la lumière de l'extérieur, faible et terne. Les énormes nuages gris avaient laissé la faible lumière reflétée par la lune. Il y avait de petits rideaux argentés, une étagère dans un coin contre laquelle reposait son sabre, et une porte face à elle. Une pièce vide, trop vide pour une chambre d'enfant. Sephyra se releva puis quitta la pièce à pas lents, la cape sous le bras.  
Elle arriva dans un couloir qui faisait juste un angle à sa droite. Elle alla tout droit, marcha dans ce vide sombre et inquiétant, en direction de la pièce lumineuse qu'elle apercevait au fond. La lumière semblait y passer en vague sur les murs, et elle crut entendre un discret crépitement. Un feu ?

Elle arriva dans une salle plutôt vaste, avec deux grandes fenêtres couvertes de givre. La porte d'entrée, en acier, était solidement fermée, et au milieu de la pièce, près de la cheminée, quelques bricoles étaient posées sur une table d'un bois sombre, craquelée. Elle était entourée de plusieurs chaises dans le même état.
Aokura se retourna lorsqu'il l'entendit entrer. Il quitta sa vitre des yeux et marcha à petits pas vers elle. Sephyra ne put s’empêcher de frémir : son regard azuré n’était pas sans lui rappeler quelqu’un ; mais le sorcier était encore plus imposant que dans ses souvenirs – notamment parce qu’il la surplombait toujours d’une tête. Mais ce qui la frappa, ce fut son visage. Ce n’était pas tant à cause des traces de sang et de poussière qui ternissaient sa peau ; elle se dit surtout que si le désespoir avait un visage, il devait être pareil à celui qu’Aokura arborait à cet instant.
Dès qu'il fut à proximité, Sephyra lui tendit sa cape, un peu gênée.
- Je… Je vous remercie, seigneur Aokura... balbutia-t-elle. J’ai dû perdre connaissance, pardonnez-moi…
Le sorcier récupéra son bien et le revêtit dans un coup de vent.
- Ce n’est rien, dit-il. Cela faisait un moment qu’on ne s’était pas croisés. Tu as passé du temps à Neos, paraît-il ?
- Je… oui, Seigneur.
- Tu peux m’appeler Aokura.
Le sorcier lui tourna le dos et se dirigea vers la cheminée. Intriguée, Sephyra le suivit, et à sa manière, prit place sur une petite chaise près du feu. Les braises ardentes arrivaient presque à ses pieds, et elle sentit avec délice une douce chaleur réchauffer ses membres.
- Il y a beaucoup de choses que j’aimerais dire à ton père, déclara alors Aokura. Tu n’es pas sans savoir que de nombreux événements ont fait parler d’eux, ces derniers temps. Et aucun n’est bon pour l’avenir de notre monde.
Il sortit un calumet doré et commença à y émietter des herbes séchées. Intriguée, Sephyra le regarda faire, puis déclara :
- Je suis prête à entendre la vérité. Vous savez ce qui s’est tramé ici, n’est-ce pas ?
- Mieux que personne, répondit le sorcier avec un regard ardent qu’il jeta dans les braises.
Il alluma son calumet d’un geste de la main, et aspira une bouffée de fumée, qu’il rejeta en direction de la cheminée.
- Mais rien de ce que j’ai à dire n’est bon à entendre, j’en ai peur. Je peux néanmoins te le confier, maintenant que tu as quitté Neos…
- Vous pensez que Nelson a quelque chose à voir là-dedans ? réagit Sephyra. Si vous me permettez, je pense qu’il est un peu hâtif de condamner tous les Neosiens, rien ne nous dit que…
- Non, tu ne comprends pas, l’interrompit Aokura. Ecoute…
Il se pencha alors vers elle et la regarda dans les yeux. Elle sentit un nouveau mélange de fascination de crainte émaner de ce regard intense qui la pétrifiait. Et une douleur sans nom brûla dans ses yeux clairs lorsqu'il déclara, d'un ton aussi froid que le vent de la ville :
- Nahru a été assassinée par les Neosiens.


Un silence pesant envahit la pièce, seulement brisé par le crépitement du feu dans la petite cheminée. Sephyra ne quittait pas les flammes des yeux, de plus en plus préoccupée par la situation. Nahru, l’une des précieuses Porteuses, avait été assassinée par des militaires de Neos. Était-il possible que ce fut une faction secrète, destinée à accomplir ces meurtres dans l’ombre ? Mais dans ce cas, pourquoi revêtir l’uniforme ?
- Moi non plus je ne sais pas quoi penser de tout ça, avoua Aokura après quelques minutes de silence tendu. Mais cela ressemble fortement à un coup monté contre Nelson.
Sephyra regarda le sorcier avec surprise, et ne cacha pas son soulagement que quelqu’un soit du même avis qu’elle.
- C’est ce que je pense aussi ! lança-t-elle pleine d’espoirs. Sinon ces hommes n’auraient pas porté leur uniforme de façon aussi visible, c’est absurde… Si c’était vraiment Nelson le responsable, il n’aurait aucune raison de le crier sur tous les toits, quand bien même ces hommes n’avaient pas l’intention d’épargner des gens…
- En effet. Qui plus est, à les entendre, ça ne les arrangeait pas de me tuer. Mais même pour un coup monté, c’est d’un grossier… En tout cas si j’étais à la place de Nelson, je tâcherais de savoir d’où viennent ces uniformes. Quand j’y repense, les deux hommes qui nous ont attaqués à Helem il y a deux ans avaient les mêmes… En tout cas, maintenant que les cadavres ont été ramenés à Neos, les humains devraient pouvoir faire autant d’analyses qu’ils le veulent… J’espère qu’ils ont l’intention de tirer tout ça au clair.
- J’espère aussi… répondit Sephyra en détournant le regard.
- En attendant, que compte faire Anetham ? demanda Aokura en tournant les yeux vers elle.
Sephyra veilla à ne pas croiser ses yeux, rivant les siens sur ses genoux.
- Je ne sais pas… Mais il faudrait déjà lui apprendre tout ce que vous m’avez dit, il y verrait peut être plus clair, et prendrait sûrement des décisions…
- Je me demande si tu n’aurais pas mieux fait de rester à Neos en fin de compte, soupira Aokura en égarant de nouveau son regard dans les flammes. Tu aurais pu espionner Nelson pour voir s’il complote contre nous.
La jeune femme se leva, et s’éloigna de la cheminée. Elle se crispa aussitôt à cause du froid qui recommençait à l’agresser.
- Tu pars prévenir ton père ? demanda le sorcier sans se retourner.
- Oui, répondit Sephyra froidement. Vous ne venez pas ?
Il sortit son calumet.
- Je reste, pour veiller sur Nahru. Je lui avais promis de la protéger en toutes circonstances.
Il se mit à fumer, immobile sur son siège, affalé en direction des flammes.
Sephyra le considéra avec peine. Elle avait la conviction qu’Aokura ne vivait plus qu’à moitié, comme s’il avait perdu toute soif de vivre. Détournant le regard, elle espéra ne jamais connaître de tel désespoir.
Elle l’espéra vainement.



****



Debout dans son bureau, Nelson contemplait Neos d’un œil absent, au travers de sa baie vitrée. Mais en dépit de son calme apparent, il sentait son esprit bouillonner de rage.
Cela faisait une semaine que Sephyra avait quitté les Chasseurs sans même se donner la peine de le prévenir, ou de lui laisser le moindre message d’adieu. Tout ce qu’il restait était son brassard rouge, que Lucéria lui avait rapporté aussitôt après son départ. Nelson l’avait aussitôt congédiée, mais ne cessait de réfléchir depuis. Il savait que Lucéria aspirait plus que tout au rang un, bien plus que Sephyra ne l’avait elle-même souhaité. Et il ne cessait de se demander si la jeune femme était vraiment partie de son plein gré. Il espérait encore que ce fut l’objet d’une quelconque machination, bien que les responsables de la logistique aient été prévenus de son départ, qui semblait avoir été tout à fait volontaire. Ou alors, Sephyra était-elle venue pour l’espionner depuis le départ ? Avait-elle fait tout cela pour donner leurs informations aux chiens d’Anethie ?
Il sentit ses poings se serrer. Dans tous les cas, elle lui avait tourné le dos au moment le plus crucial de sa carrière, et ce n’était pas pardonnable. Même si Jack était encore à ses côtés, il se sentait plus vulnérable que jamais, et considérablement blessé dans son ego. Elle lui avait échappé. Elle, la seule qui lui ait jamais opposé un tant soit peu de résistance. Et il n’avait rien vu venir.

Un cri étouffé dans le couloir le sortit de ses pensées. Il crut entendre un corps s’écrouler au sol, juste devant son bureau.
Nelson se retourna brusquement. C’était Jack qui gardait montait la garde devant sa porte. Lui était-il arrivé quelque chose ?
C’est alors que ladite porte s’ouvrit lentement. Devant le regard abasourdi de Nelson, une silhouette se dévoila en pénétrant dans la pièce.
Et décocha un large sourire.
La dixième partie, avec un bref retour au calme.
La onzième partie arrivera samedi ; avec les hostilités qui vont reprendre !

Bonne lecture à tous les courageux qui me suivent :)

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Comments24
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VanoVaemone's avatar
8D "A l’instar", "A chaque pas", "Etendue de","Ecoute…"
"
qui gardait montait la garde" Y a un verbe à enlever ? oô

Putain tu montres rien de bon o-ô Athem qui part, Sephyra qui voit un Aokura disons mort mentalement. Et au fait, s'il y a que Jack a la porte, ça aurait bien un peu d'aide quand même D: JACK MEURS PAS !