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Terres de reve ~ Partie 1 Chap 16

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CaelaSephyra's avatar
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Deux jours s’étaient écoulés depuis leur arrivée au refuge d’Helem. Athem avait passé son temps à observer la carte du continent, perdu dans ses réflexions, essayant de tourner la situation dans tous les sens pour trouver le meilleur moyen d’arranger les choses. Sephyra l’observait d’un œil absent depuis un moment lorsqu’elle entendit des voix sur le pas de la porte. Cette dernière s’ouvrit quelques instants plus tard, et Kerem entra, accompagné d’Aokura qui avait quitté les lieux quelques heures auparavant.
- On tient une piste, annonça le sorcier en brandissant une missive manuscrite. Le Clan Odori, dans les montagnes au sud d’ici. Ils ne se sont ralliés ni à l’Union, ni à Neos, et de par leur localisation, les forces armées des deux camps les laissent tranquilles. Je pense qu’on devrait aller y faire un tour.
Athem se redressa, oubliant enfin la carte qu’il avait sous les yeux.
- Odori ? répéta-t-il. Le Clan des Aigles ?
- C’est cela, confirma Aokura en relisant la missive en diagonale. Visiblement, leur chef Sha-Lin est aussi très préoccupée par la situation. Je pense qu’on sera bien reçus.
- Dans ce cas, nous devrions partir dès que possible, suggéra Athem en se levant. Est-ce que les autres Loups de la tribu sont arrivés ?
- Oui. Mais je vais les faire partir en plusieurs groupes. Si on se déplace tous en bande, on aura plus de mal à éviter la zone de conflit.
- C’est vrai. Et ça nous fait combien de têtes, au final ?
- D’après Rena, cent trente-trois ont répondu à notre appel. Et j’ai demandé à ce que cinquante d’entre eux se rendent là-bas avec nous. pendant que les autres continueront de surveiller les alentours. Ils nous préviendront s’ils trouvent quoi que ce soit.
- Cinquante… Ils ne seront pas de trop, approuva Athem.
Les préparatifs se firent rapidement, et les trois alliés quittèrent leur refuge à la nuit tombée, accompagnés d’une dizaine de Loups qui les escorteraient jusqu’à Odori.
- Combien de temps durera le voyage ? questionna Sephyra tandis qu’ils progressaient sur un étroit sentier de terre.
- Deux jours, si on se débrouille bien, répondit Aokura, qui marchait devant elle. Mais l’endroit n’est pas facile d’accès, alors ça ne m’étonnerait pas qu’on mette encore plus de temps.
Sephyra remarqua alors une jeune Louve qui ne quittait pas le sorcier des yeux. Elle avait des cheveux courts tirés en arrière, et elle gardait ses yeux flamboyants fixés sur Aokura, visiblement en grande admiration. A côté d’elle, un Loup qui semblait du même âge lui jetait des regards timides de temps à autre. Luna et Ludovic, d’après ce qu’on lui avait dit. Aokura lui avait vanté les mérites de ces deux jeunes Loups, qui malgré leur âge, montraient d’excellentes facultés au combat. En retour, ils semblaient vouer un respect sans limites au sorcier…
Sephyra sourit. C’était tout ce dont il avait besoin, que d’être entouré de personnes de confiance.

Les estimations d’Aokura s’avérèrent justes. Après être de nouveau passés près d’Anethie, le groupe longea la chaîne de montagnes en direction du sud, se cachant le plus souvent dans les forêts qui en couvrait les racines. Ils durent ensuite gravir les montagnes en direction des hauteurs, là où se cachait le clan Odori. D’après Aokura, il s’était installé dans une vaste plaine protégée du vent, où la nourriture poussait en abondance. Du fait que l’endroit était difficile d’accès, il n’avait encore jamais subi d’agression extérieure.
Sephyra fut soulagée lorsqu’elle aperçut enfin les imposants bâtiments de pierre qui annonçaient la fin de leur voyage. Elle sentait son ventre crier famine depuis que leurs vivres s’étaient épuisées, quelques heures avant leur arrivée.

Tandis qu’ils s’avançaient vers les fières demeures, ils virent une ombre passer au-dessus d’eux.
- Ah, voilà Ferox, commenta Aokura.
Le dénommé Ferox atterrit avec agilité devant eux, et se redressa pour leur faire face. Sephyra ouvrit de grands yeux. C’était la première fois qu’elle voyait un Reculé du clan des Aigles. Il ressemblait à l’image que leurs ancêtres prêtaient aux anges ; avec son corps humain et ses deux larges ailes qui dépassaient de son dos, dotées de splendides plumes brunes et ocre assorties à sa chevelure. Ses yeux étaient allongés et perçants, au-dessus de son nez légèrement arqué.
- Je vous souhaite la bienvenue à Odori, les salua-t-il. Dame Sha-Lin m’a prévenu de votre arrivée, elle vous attend dans sa demeure. Si vous voulez bien me suivre.
Le groupe s’enfonça entre les jolies demeures de pierre. Sephyra contemplait avec ravissement les structures harmonieuses en dépit du matériau principal employé, et elle souriait de voir une ville aussi animée, avec des gens visiblement épanouis et pleins de vie. La plupart portaient les mêmes ailes que Ferox, et se retournaient en les voyant passer, un sourire curieux aux lèvres. Ce n’était sans doute pas tous les jours que des aventuriers venaient jusqu’à eux pour arpenter les chemins de leur ville.
A l’issue de quelques minutes de marche, ils parvinrent jusqu’à la demeure de Sha-Lin, où Ferox les laissa entrer seuls. Tandis que les Loups de Kerem attendaient à l’extérieur, Aokura, Athem et Sephyra entrèrent dans la large bâtisse, qui ne portait aucun signe distinctif comparé à toutes les autres. Avant de disparaître à l’intérieur, Aokura jeta un regard en direction des Loups qui les avaient accompagnés. Il capta le regard de Luna et Ludovic, et leur fit signe de les suivre.
Les deux jeunes Loups ouvrirent des yeux émerveillés et reconnaissants, puis s’élancèrent aux trousses du sorcier, visiblement ravis d’être conviés à ce qui devrait être une réunion de la plus haute importance.

Le petit groupe arriva dans une vaste pièce circulaire, au centre de laquelle une jeune femme au teint mat était assise à même le sol, sur un immense tapis coloré. Elle arborait une longue chevelure châtain qu’elle avait décorée de longues plumes chatoyantes, et des yeux noisette pétillant de malice au-dessus de son nez court. Mais contrairement aux habitants d’Odori qu’ils avaient croisé, elle ne portait pas d’ailes dans son dos.
- Je vous souhaite la bienvenue ! lança-t-elle d’un ton enjoué. Aokura, ça fait plaisir de te revoir, renchérit-elle avec un clin d’œil au sorcier.
- De même, Dame Sha-Lin, répondit-il en sachant pertinemment qu’il se ferait reprendre.
- Oublie le « Dame », si tu veux bien, d’ailleurs ça vaut aussi pour mes autres invités, continua Sha-Lin en souriant à Sephyra et Athem.
Ils prirent tous place en saluant poliment la jeune chef de clan. Luna et Ludovic firent de même, légèrement en retrait. Sha-Lin les regarda à tour de rôle.
- Prince Athem, je te reconnais à peine, lança-t-elle avec des yeux émerveillés. Cela doit faire… dix ans ? Plus, peut-être ?
- Douze, très exactement, répondit Athem en souriant. Tu étais venue rendre visite à mon père au moment où tu as pris la succession de ton Clan.
- Douze ? répéta Sephyra, hébétée. Vous avez dû prendre la succession bien jeune…
- J’avais quinze ans, confirma Sha-Lin avec un petit sourire. Mais il se trouve que j’étais la seule à pouvoir assumer ce rôle ; néanmoins j’ai pu compter sur l’assistance de Ferox. Heureusement qu’il était là ! D’ailleurs, je ne crois pas te connaître ?
- Il s’agit de ma sœur adoptive, Cae-La Sephyra, répondit Athem pour introduire sa sœur.
- Enchantée ! répondit Sha-Lin en souriant davantage. J’ai entendu parler de toi, et…
- Sha-Lin, on est venus jusqu’ici pour parler de quelque chose d’important, lui rappela Aokura en sortant son calumet.
- Toujours aussi bougon, celui-là… maugréa-t-elle en guise de réponse.
Elle se tourna vers le fond de la pièce, où une petite porte de bois entrouverte laissa apparaître un jeune aigle visiblement intimidé par la situation. Sha-Lin lui fit un signe de la main, et il disparut dans la pièce.
- Vous devez être affamés, se justifia Sha-Lin. Il va vous apporter de quoi vous sustenter !
A voir le regard soulagé de ses invités, Sha-Lin devina que ce ne serait pas de refus.

Sha-Lin poussa un soupir en s’étirant, oubliant un instant la carte qu’Athem avait déroulé devant elle.
- Bon, si je résume… commença-t-elle. Anetham vous a bannis de son royaume, il veut absolument guerroyer contre Nelson, qui de son côté se montre hostile envers lui… Et au milieu de tout ça, c’est difficile de mettre la main sur les Porteurs restants pour les protéger…
- En gros, c’est ça, confirma Athem, songeur.
- Si on veut retrouver les autres Porteurs, on ne pourra compter que sur toi, Aokura, dit-elle alors en se tournant vers le sorcier.
Ce dernier fronça les sourcils. Sephyra et Athem lui jetèrent un regard interrogateur.
- Moi qui voulais éviter d’ébruiter ça… soupira Aokura.
- Tu ne leur as rien dit ? s’étonna Sha-Lin. Et toi Athem, tu étais au courant, non ?
Athem jeta un regard frustré à Aokura.
- Si c’est la raison pour laquelle ton père a quitté Anethie, et celle pour laquelle tu as ensuite refusé de revenir auprès d’Anetham, je n’ai jamais eu rien droit de savoir… C’est le moment ou jamais de t’expliquer, cousin.
Aokura poussa un soupir théâtral. Puis il rangea son calumet à contrecœur.
- Ça n’a rien de passionnant, je vous préviens, maugréa-t-il. Je vais faire court. Les Porteurs sont capables de ressentir la présence des Esprits qui vivent au sein d’autres êtres vivants. En somme, ils sont capables de se détecter entre eux. Et il se trouve que je suis Porteur, en quelque sorte.
- Toi, Porteur ? réagit Athem en fronçant les sourcils. Mais alors, la créature qui nous avait attaqués ce jour-là… C’était un Esprit ? Et tu l’as admis en toi ?
- Toujours aussi perspicace, cousin. C’est mon père qui l’a fait le premier, ensuite ce fut effectivement mon tour. Le fait est que maintenant, je peux sentir si un autre Porteur est dans les parages. Mais je ne pense pas que ça suffira à retrouver les restants simplement, commenta-t-il ensuite à l’intention de Sha-Lin.
- Ça ne peut qu’être utile, répliqua la jeune femme.
- Et tu ne nous dit ça que maintenant ? s’énerva Sephyra. C’est quand même une information importante pour quelqu’un qui est à la recherche des Porteurs !
- Je n’en ai senti aucun entre Yvanesca et ici, répliqua Aokura. Je suis loin de ressentir la présence des Esprits aussi bien qu’un vrai Porteur, alors j’ai pas pensé à vous expliquer.
Il détourna le regard, pensif. Puis ses yeux tombèrent à nouveau sur Sha-Lin.
- Mais vous avez un autre Porteur ici, n’est-ce pas ? Ça, pour le coup, je le sens.
Sha-Lin décocha un large sourire tandis que Sephyra et Athem affichaient stupeur.
- Elle s’appelle Sirel. Nous la gardons en sécurité ici depuis que son village a été attaqué, il y a un mois.
- Ça me rassure… déclara Sephyra. Nous savons au moins que deux Porteurs tiennent encore bon… Si on est assez prudents, on devrait réussir à atteindre notre objectif…
- Si vous restez ici, ça devrait bien se passer, assura Sha-Lin. Anetham et Nelson peuvent batailler autant qu’ils le veulent ; sans Porteur à leurs côtés ils auront du mal à retrouver les autres !
Cette pensée ne les rassura que partiellement. Après tout, la grande difficulté de leur situation résidait en leur ignorance des véritables objectifs de chacun. Du moins, de ceux qu’ils pensaient poursuivre via leurs méthodes radicales.
La réunion ne continua pas longtemps, du fait que les voyageurs étaient fatigués et avaient besoin de repos pour pouvoir aider à mettre la situation au clair. Sha-Lin leur proposa plusieurs bâtisses à disposition pour passer la nuit, même si la plupart des Loups de la tribu de Kerem préféraient rester éveillés pour surveiller les alentours.

La nuit tomba paisiblement sur le village Odori. Les habitants rentrèrent chez eux les uns après les autres, et le calme s’imposa peu à peu entre leurs maisons sur les chemins de pavés clairs.
Assis contre un arbre, Aokura observait l’horizon, son calumet entre les lèvres, perdu dans sa contemplation des montagnes qu’il apercevait au loin. Il sentait à peine le vent qui allait et venait sur son visage, et qui faisait valser ses longues mèches de cheveux fins.
Il entendit alors des pas à proximité. Sans s’en soucier, il expira une longue bouffée de fumée en fermant les yeux. Même s’il n’en était pas fier, il avait parfois l’impression que fumer était devenu sa dernière échappatoire, voire sa raison de vivre.
- Ça t’arrive de dormir ? demanda la voix de Sephyra.
Il l’entendit s’asseoir elle aussi contre l’arbre, à son opposé. Il décocha un maigre sourire.
- Je suis un adulte, je n’ai pas besoin d’autant de sommeil que des gosses comme toi ou ton frangin, répliqua-t-il. D’ailleurs à cette heure-ci tu devrais être couchée non ?
- Ben voyons, rétorqua Sephyra en souriant.
Un silence s’installa alors, seulement brisé par le murmure du vent qui s’immisçait dans les branchages des arbres. Le ciel était totalement dégagé, exposant une multitude d’étoiles qui scintillaient au loin. Sephyra sourit. De par sa nature, elle s’était toujours sentie proche de la nuit. De son calme, sa tranquillité… Elle s’y sentait sereine, et en paix avec elle-même. Comme un refuge lorsque son cœur s’assombrissait.
- Merci, dit alors Sephyra pour briser le silence.
Aokura tourna la tête vers elle, surpris.
- Je ne t’avais pas encore remercié pour m’avoir secourue à mon retour de Neos, continua la jeune femme. J’étais à bout de forces au moment de survoler Yvanesca, je crois bien m’être évanouie en plein vol… C’est toi qui m’as rattrapée, n’est-ce pas ?...
Aokura expira une bouffée de fumée, puis répliqua :
- Non, c’était le roi des poulpes.
- Je vois, répondit Sephyra avec un petit sourire. La prochaine fois que je le verrai, il faudra que je pense à lui dire merci.
- Et tu lui passeras le bonjour de ma part, aussi.
Sephyra se releva avec un petit rire. Elle jeta un regard au sorcier qui continuait de fumer, ses yeux perdus dans l’horizon. Peu à peu, elle sentit que son sourire s’effaçait. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais son cœur se serrait à chaque fois qu’elle le voyait ainsi, immobile, perdu dans ses pensées obscures. Elle regretta de ne pas l’avoir mieux connu du temps où Nahru était à ses côtés. D’après ce qu’Athem lui avait dit, il était alors méconnaissable. Son talent pour les sarcasmes n’avait pas faibli, mais surtout, il était plein de vie et d’émotions. Son regard brûlait de détermination et de curiosité, et ses penchants égoïstes étaient alors presque occultés. Il était presque redevenu le jeune sorcier souriant et prometteur qui faisait le bonheur des citoyens d’Anethie, à l’époque où il y vivait encore.
Sephyra baissa les yeux. Aokura n’était pas le seul à rêver du passé, et de leur insouciance qui leur faisait maintenant tant défaut.


****


Une violente explosion fit trembler les murs des bâtisses couvertes de neige. Les habitants sentirent une colère sans borne les saisir lorsqu’ils virent l’armée de Neos avancer vers eux d’un pas décisif, visiblement déterminés à prendre Amelicäa d’assaut.
Les Neosiens arpentèrent bientôt les chemins glacés de la ville, leurs armes en main, prêts à faire taire l’opposition. Suite à une lourde bataille, les gardes de la ville avaient tous été mis hors d’état de nuire, et le mur de défense principal avait été soufflé dans l’explosion, dévoilant une brèche qui permettait le passage de l’armée de Nelson. C’était bien la première fois que leur mur d’enceinte, réputé infaillible, était franchi aussi rapidement par une armée étrangère.
Les citoyens révoltés virent les soldats progresser jusqu’à la demeure la plus difficile d’accès, au fond de la ville, située en hauteur. Certains gardes qui étaient restés en retrait dans le village tentèrent en vain de leur bloquer le passage, mais ils se virent rapidement maîtrisés par l’armée de Neos qui avait pris le soin de venir en surnombre.
Un homme se détacha de la troupe de militaires qui s’était postée devant la maison isolée. Sa longue chevelure ébène dansait au gré du vent hivernal, et il décocha un sourire en observant la modeste demeure. Le vent frais qui allait et venait sur son visage à moitié brûlé, ravivant la douleur, n’altérait en rien sa détermination.
- Monsieur Elias, est-ce bien ici ? questionna l’un des soldats en se mettant au garde-à-vous.
- En effet, confirma le dénommé Elias en scrutant la demeure avec ses yeux sombres. Restez ici, je m’occupe du reste.
Les soldats approuvèrent énergiquement tandis qu’Elias gravissait seul le chemin escarpé menant à la demeure.
Lorsqu’il ouvrit la porte de bois, il arrêta d’une main le gourdin qui s’était rabattu férocement au niveau de sa tête. Il jeta un regard à sa droite, son bras tremblant sous la force démentielle qu’il exerçait pour garder l’arme à bonne distance de son crâne. Un jeune homme du clan avait visiblement tenté de se débarrasser de lui par surprise, et il frémissait maintenant de rage à constater que son attaque avait échoué.
- Bien tenté, le félicita Elias en repoussant lentement l’arme de son agresseur. Mais tu as manqué ta chance.
L’instant d’après, un coup qu’il ne vit pas venir lui percuta violemment l’abdomen, et il s’écroula sur le sol, inerte. Son arme retomba lourdement à ses côtés, et Elias s’avança dans la modeste demeure.
- Inutile de te cacher, lança-t-il. Je sais que tu es là…
Il tourna la tête à sa gauche. Une porte entrouverte. Il sourit et s’avança à l’intérieur de la petite pièce qu’elle laissait apparaître. Une jeune femme était plaquée contre le mur du fond, tremblante autant de peur que de rage. Ses cheveux châtain en pagaille lui retombaient en partie sur le visage et ses yeux plissés sous la peur et le froid, et elle tenait une dague dans ses mains, pointée sur le nouveau venu.
- Allons, tenta Elias en s’avançant doucement vers elle. Ça ne sert à rien de te mettre dans tous ces états, jeune fille… Je suis venu te débarrasser du fardeau dont tes ancêtres t’ont affublé ; tu devrais plutôt me remercier…
Il lui attrapa doucement le poignet, et de l’autre, elle donna un grand coup de lame en direction du nouveau venu, tout en poussant un rugissement désespéré.
Elias attrapa sa main valide sans mal, néanmoins surpris par la célérité de son geste. Ses deux bras immobilisés, terrifiée par l’homme qu’elle avait en face d’elle, la jeune femme se recroquevilla, tandis qu’Elias approchait son visage du sien, un sourire inquiétant étirant ses lèvres fines.
- Ça sera terminé plus vite si tu te laisses faire, lui souffla-t-il.
Il tordit son poignet droit sans prévenir, et elle poussa un cri de douleur en lâchant son arme qui percuta le sol dans un cliquetis métallique. Il la repoussa ensuite avec, sembla-t-il, la seule force de sa volonté. Sous les yeux ébahis de la jeune femme, sa dague s’éloigna d’elle-même pour aller se terrer dans un coin de la pièce. Elle regarda de nouveau son agresseur avec stupeur. Ce dernier plaqua une main sur son front, et elle étouffa un cri de surprise et de frayeur.
- Quand tu te réveilleras, tu seras une femme libre, mademoiselle Keiko, susurra Elias avec un regard qu’il voulut compatissant. Dors…
Keiko se débattit faiblement, mais la force mystérieuse qu’Elias exerçait sur elle eut raison de sa détermination. Ses yeux se révulsèrent, et elle s’affaissa contre le mur, perdant peu à peu ses sensations, oubliant la main brûlante que le nouveau venu gardait plaquée contre son front. Elle jura de voir une aura brumeuse se détacher de lui pour la gagner.
Puis elle sombra dans les ténèbres les plus insondables.
Comments24
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VanoVaemone's avatar
"A côté d’elle","A l’issue","A voir"
Il arrive des choses bien au petit groupe pour une fois, mais savoir qu'il y a une Porteuse ça me rassure à moitié. Faudra la protéger o_O
Bon après qu'est-ce que tu veux que je dise devant Elias ? Il a la classe quoi, Arza a les yeux qui pétillent de bonheur xD